Antoine Granier, Hélène Mourrier, Cécile Serres

AVANT DE PARTIR

19 oct. 2019 - 01 nov. 2019

Vernissage

samedi 19 oct. à partir de 19h00

Festissage avec Frivole de Nuit

vendredi 01 nov. à partir de 19h00

Copernic nous a appris que la Terre n’est pas le centre. Darwin nous a appris que l’homme n’est pas le centre. Si nous écoutions les anthropologues nous les entendrions dire, avec leur convenable manque de franchise, que l’ouest blanc n’est pas le centre. Le centre du monde est un escarpement de la rivière des Klamath, un caillou à la Mecque, un trou dans le sol en Grèce, ici-maintenant et sa circonférence autour de nous.
Peut-être que les utopistes devraient finalement tenir compte de cette nouvelle déroutante. Peut-être que les utopistes feraient bien de perdre le plan, de jeter la carte à la poubelle, de descendre de leur scooter, de se coiffer d’un chapeau complètement farfelu, de lancer trois aboiements stridents dans la nuit, de trotter sur leurs petites pattes maigrichonnes, beige et miteuses à travers le désert et de remonter au travers des pins.
Je pense que nous ne pouvons pas aller en direction de l’utopie en regardant vers l’avant, mais seulement de façon circulaire ou de côté. Parce que nous sommes dans un dilemme rationnel, une situation perçue par la mentalité binaire d’un ordinateur, et que ni le ’soit’ ni le ’ou’ ne sont un endroit où vivre. De plus en plus souvent, dans ces temps de plus en plus difficiles, des personnes que je respecte et admire me demandent « Vas-tu écrire un livre à propos de la terrible injustice et de la misère de notre monde ou vas-tu écrire un fantasme d’évasion consolatrice ? ». Certains me pressent d’écrire le premier et d’autres le second. On m’offre le choix du Grand Inquisiteur*. Vas-tu choisir la liberté sans le bonheur ou bien le bonheur sans la liberté ? Je pense que la seule réponse que l’on peut faire est : Non.

Ursula K. Le Guin
Imaginer une utopie

ANTOINE GRANIER, Nino pour les ami.es. Gémeaux Ascendant Scorpion. Né un peu avant l’an deux mille, entre les deux tropiques. Il compose des jeux de pistes urbains et ruraux où se croisent, et parfois s’allient, des personnages fantasques et lunaires. Inspiré par la science-fiction, la Nouvelle Vague et les fêtes populaires, Antoine Granier propose dans ses films et installations des mises en scène dans lesquelles les hiérarchies sont renversées, où tout est parodié et réinvesti.

HÉLÈNE MOURRIER aka H., est un-e graphiste et un-e plasticien-ne élevé-e au dessin vectoriel, au transféminisme et au son des clubs TransPédéBiGouines. Hélène appartient à l’organisation B.I.T.C.H. fondée par Jo Freeman en 1969 et est le résidu de croisements entre Kathy Acker & Donna Haraway, Paul B. Preciado & Valérie Solanas, Monique Wittig & Elsa Dorlin. H. lutte pour les corps queers et en marge, dans les champs de l’activisme, de l’art et du design : car iel-les sont DES CORPS QUI COMPTENT

CÉCILE SERRES met en scène des récits trans- et multi-spécifiques dans lesquels des sculptures-mobilier, des costumes et des accessoires faits de matériaux synthétiques, de silicone, de faux cuir ou de latex sont activés par un ou plusieurs performeurs. Son travail d’écriture littéraire et digitale aussi bien que sa pratique plastique à l’esthétique camp naissent d’un réseau de rencontres avec et entre un ensemble d’êtres et de personnages, humains ou non, qui viennent peupler ses installations.

Crédits photos : Elliot-Gaillardon