High-Law Mathieu Buard, LAURA PORTER est diplômée de l’École Nationale Supérieure d’Arts de Paris-Cergy et de l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-arts de Paris. Son travail, qui consiste en installations, sculptures et vidéos, est marqué par un intérêt pour les modes de production de la valeur, la genèse des matériaux ainsi que le rôle du corps dans les économies du jetable. VALENTIN LEWANDOWSKI est diplômé de l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris et de l’EHESS. Il écrit et réalise des performances qui prennent la forme de monologues autobiographiques et satiriques. Depuis cinq ans, Laura et Valentin collaborent régulièrement dans la création de vidéos et d’installations vidéo. L’Estive est le programme de résidence d’été à Glassbox. Plus long que les temps de production du reste de l’année, il se met au rythme du quartier : entre la torpeur estivale de Paris désert et l’indolence généralisée d’un voisinage qui n’est pas parti, l’artiste conçoit et réalise un projet au long cours. • Exposition du 12 au 28 septembre 2019
Résidence et exposition de Laura Porter & Valentin Lewandowski
Le présent moment, Cardinal Mint, coordonne selon des latitudes et obliques un ensemble, un paquet théâtral, aux aspérités, allures et natures grotesques. Dans une fonction opérative, les règles ou lois de l’ordonnancement qui président au montage de ce décor-monde induisent un spectacle de détails et d’oscillations. Un art de vivre étrange où les agencements en présence sont autant de positionnements que d’affections.
Cardinal Mint présente des assemblages plurivoques, à la manière d’une fable où les formes sont plutôt des «morphes» selon l’expression d’Alain Damasio, présences et sujets en potentialités, devenir chaîne et trame ou tricot. Laura Porter et Valentin Lewandowski désignent ces rencontres et collages furtifs, où la part sensible, extrasensorielle aussi, est requise du spectateur pour décrypter les diagrammes et dimensions cachés, les frictions induites.
Dans un glissement permanent de l’analogique au numérique, de trajectoires paradoxales entre les médiums et des confrontations plastiques où les matérialités comme les résolutions (en leurs qualités et finitions) sont rejouées et alternativement bousculent l’attention, le regard navigue du frontal cru à l’elliptique fantasque, de l’enregistrement à la maquette, du tangible à ce qui n’est pas. Cardinal Mint, comme objet vidéo et sonore, développe une série de scènes, dont les éléments reconnaissables susurrent une histoire ; les matières là, ductiles, agiles, s’extirpent et discutent en tête à tête avec le trivial. Ainsi infusé, le film est l’état de choses amassées, méthodologiquement. La somme des figurants fabriqués et patiemment ornementés , au rythme d’une horloge mécanique absente. Quoique, n’est-elle pas là finalement cette horloge, par extrapolation ?
La séquence montée, déposée dans le décor, sur cet écran high tech est le résiduel heureux, la réduction des procédés du sculpteur, le repentir du peintre, ou comme lorsque pour un tricot ou pour un bouillon, on intervient sur la matière brute, et que l’on y induit une intensité particulière, une inflexion, elle contracte et fait apparaître une forme, fondamentalement.
Aussi, proposées telles des cornes d’abondance, des cènes ou agapes bizarres, les agencements sculpturaux, blocs centripètes assimilent l’ensemble de ces matériaux analogiques. Les éléments bols, squelettes d’objets, rideaux, haricots béluga, épis de maïs, tubes et talons, céramiques, factices et leitmotivs organiques s’agrègent comme des éléments catalysés, domestiqués. S’opère une transpilation, je veux dire par là, non plus la compilation mais la conversion dans un même langage de la somme de ces hétérogènes. À ce mouvement qui appartient normalement à l’encodage et au langage de la programmation, l’on comprend que ces objets sculptures sont une syntaxe, les points cardinaux, le sens d’orientation. La pacotille des matériaux est un trésor ouvert, empli d’incertitude.
Que regarde-t-on, la chose en train de se faire, du banal de la matière, de sa magnificence, de ce qui est consommé et consumé. De la teneur du monde ? Dans un grand montage, plan et tridimensionnel, performatif et diachronique, les langues récitées par Laura Porter et Valentin Lewandowski passent de hautes en basses cuissons, et assaisonnent ici, sur pièce, une somme grotesque, de ce qui promeut l’irrégularité comme loi.
Septembre 2019.
Ses travaux ont été notamment présentés au Centre Régional d’Art Contemporain Languedoc-Roussillon (Sète), à la Fundació Joan Miró (Barcelone), au Palais des Beaux Arts (Paris), au FRAC Champagne-Ardenne (Reims), au Parc Woluwe (Bruxelles), et à In Extenso (Clermont-Ferrand).
Son travail a été montré dans le cadre de la 6ème édition d’Un nouveau festival (Centre Georges Pompidou, 2015), du programme Partitions performances (Fondation Ricard, 2016), de la Fiac Officielle (Cité de la mode et du design, 2015), du cycle de performances La voix humaine (Eglise Saint-Eustache, 2015), des programmations Talk Show (La Panacée, Montpellier, 2018) et à l’occasion de Mosaïque des lexiques (Laboratoires d’Aubervilliers, Paris, 2019).INFOS
• Performance de Valentin Lewandowski à l’occasion du finissage le vendredi 27 septembre 2019 à 19h
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L’ESTIVE 2019
________ CARDINAL MINT