________  COUP DE BARRE, INTO THE WINE CUBE

Ancrés dans leur époque, Trapier-Duporté constatent et modélisent un malaise générationnel, comme un immense coup de barre : ce moment où l’esprit divague, prêt à amorcer la descente, avec toute la résignation d’un jour qui se lève. Leur geste premier, qui consiste à changer le white cube en wine cube, imbibant les murs de Glassbox de mauvais vin, a valeur de point de chute de ce cycle, fermentation toute désignée de notre trajectoire dans la nuit des noceurs. Non loin de l’effervescence de la fête, Trapier-Duporté voient en effet rôder la finitude, cet after définitif. Au delà de l’ironie du wine cube, leur angoisse transparaît dans chacune des oeuvres présentées. Elle est dans le Limbo, barre métallique surchauffée évoquant d’ancestrales cérémonies mortuaires. Elle est dans le regard de l’artiste, projeté en vidéo, témoin de la fatigue et abandonné par la transcendance. Elle est dans cette apparition kitsch d’une page du mythe de Sisyphe, coincé au goulot de la dernière bière qui ne sera pas bue. Elle est, enfin, sur cette feuille de velin, rappel d’une tentative immémoriale de l’homme d’y réchapper, d’accéder par l’art à l’éternité, lorsque le duo singe ce geste en le dévoilant au viagra. Célébration ironique d’une humanité qui n’a même plus la force vitale de se vivre Priape.

LE DERNIER VOLET D’UN CYCLE SUR LA FÊTE
L’heure est à l’after. C’est ainsi que nous arrivons au terme de notre saison dédiée à la fête. Predrinks, warm up, party & after, autant de seuils qui scénarisent, et ritualisent, la célébration. Si la conscience saisit le réel par cette segmentation, l’objet fête lui file et se déforme, semblant échapper au raisonnement. Paradoxe de la fête : ni tout à fait un moyen, ni tout à fait une fin. Comme si réfléchir la fête l’évaporait. La fête peut-elle se vivre et se penser simultanément ? Le choix de la fête comme objet curatorial s’énonçait pour le collectif comme la revendication d’un lien intime entre la création et l’époque dans laquelle elle s’ancre. En phase avec le contemporain, attentif à ses moindres bruissements, l’art que nous défendions est véhicule de sensations comme de significations, sans que l’un ne doive jamais prendre le pas sur l’autre. Il en est de même de la fête, tantôt imaginaire collectif, tantôt expérience individuelle. En faisant converger sujet et objet, nous souhaitions amener par la fête de nouvelles modalités de réception, penser l’exposition comme une fine membrane entre l’art et le monde. Replacer l’oeuvre dans son siècle.

INFOS

• Vernissage : jeudi 14 décembre, 18h-21h, suivi d’une after, à l’International (5 rue Moret), à partir de 21 heures
• Jours d’ouverture : du vendredi 15 décembre au dimanche 6 janvier inclus, 14h-19h

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