________ OK KID, YOU GOT THE JOB

Invitée en résidence d’artiste pour l’Estive, Christophe Herreros initie les conditions d’un casting de film durant le mois d’Août dans l’espace de la rue Moret.

La particularité de la pratique de Christophe Herreros est dans la réalisation de vidéos de courtes durées qu’il montre en boucle dans des installations. Dans ces vidéos il met en place des mises en scène stéréotypées, archétypales du cinéma et les débute par le hors-champ. Tout est filmé, mais tout se dérobe, il faut être patient.

Christophe Herreros aime que ses films convoquent des univers, des paysages, des décors dont la puissance fictionnelle est reconnaissable. Dans ses vidéos, il essaie d’appeler une sorte de « réminiscence rétinienne » du cinéma, de la peinture, de la série télé. L’une des clefs de son travail est la recherche autour des notions de mise en scène, de cinéma et des conditions d’apparitions de la fiction en général.

Christophe Herreros propose pour la résidence l’Estive, initié par GLASSBOX, est de mettre en place les conditions particulières d’un casting de film. Sur une base de travail simple – un pitch, un plan – les acteurs conviés au casting pourront à leur guise improviser une histoire et une situation. L’espace de GLASSBOX sera investi en un studio de casting et de travail avec pour objectif la réalisation finale d’une vidéo.

Ici le casting sera ouvert sur la rue.

Lien chaîne youtube des extraits des castings réalisés :
https://www.youtube.com/channel/UCSJ9xgiBCV6mPxGNG8jKFfA

Une fois le casting et les répétitions terminées, un film a été réalisé. Il s’agit d’un plan séquence en steadycam qui reprend certains codes des séries TV policières américaines. Ce fût la base de travail de Christophe Herreros avec ses comédiens, réinterpréter et s’approprier les codes de cette culture populaire quotidienne pour les déplacer dans un autre champ. Ce n’est pas une caricature, mais une sorte de mimétique de la culture télévisuelle, une réappropriation à l’orée de l’art vidéo et dans le champ des arts plastiques. La vidéo de courte durée, passe en boucle et les comédiens semblent enfermés dans ce récit aux promesses non tenues. Les dialogues apportent étrangeté et décalage, ils semblent évoluer à chaque boucle et offrir de nouveaux éléments.

Lors de l’exposition, les images des castings et des répétitions seront également diffusées. Il sera ainsi possible de reconnaître les acteurs retenus dans le film mais aussi ceux qui ne l’ont pas été et qui feront tout de même leur apparition dans l’histoire. Ces différents moments combinés (les castings, les répétitions, le film) créeront une fiction globale.

Film réalisé en collaboration avec la Cité internationale des Arts.

________ Titre à venir

L’installation vidéo présentée par Christophe Herreros est le fruit de son travail dans le cadre de la résidence l’Estive proposée chaque été par Glassbox. Plutôt que de rendre visible les éléments nécessaires au temps de maturation et de réalisation d’un film – éclairages, éléments de studio, story­board, scénario etc. ­ , le display évacue le décorum faisant référence aux artefacts qui constituent le hors champs de la production cinématographique au profit d’un discours visuel suspendu entre temps diégétique et temps de production.

Posté entre les deux espaces qui polarisent l’exposition, le spectateur est pris entre les moniteurs diffusant des extraits du casting et l’écran plat sur lequel tourne en boucle la forme définitive du film. L’un et l’autre de ces éléments du projet infléchissent mutuellement leur lectures respectives : le casting se dote d’une dimension narrative qui le tire vers l’objet cinématographique quand au contraire le film flotte entre les eaux intermédiaires du tournage et de la post­production.

On croit avoir accès, comme en biologie, à un stade inconnu de développement de l’espèce, quelque part entre la chrysalide et la mue. C’est précisément cet état que l’artiste cherche à nous montrer en ayant fait le choix d’un accrochage laconique et polaire : ni les différents motifs de l’enfance du film, qui l’aurait amené à présenter une installation foisonnante d’équipements nécessaires au tournage, ni sa seule forme finale, qui lui aurait fait préférer une projection grand format et dans le noir, mais bien cette troisième voie, entre moniteur de contrôle et écran de télévision, qui nous permet de saisir l’invu du procès de production cinématographique, ce moment suspendu entre le projet et l’objet, et dont le titre ne peut être qu’à venir.

Clémence Agnez

DATE

Exposition du 18.09 au 10.10.2015

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