________ CHOU CHINOIS
Résidence de production et exposition personnelle de Pieter van der Schaaf.
«Depuis mon arrivée à Paris, je photographie des pierres sur les chantiers et dans les rues en travaux, particulièrement des pierres sur des palettes. Ce qui m’intéresse, c’est la manière dont elles sont emballées : les palettes et les attaches soulignent l’aspect temporaire de leur présence. Je vois les fragments présentés sur les palettes comme des pièces d’un puzzle, des parties d’une image impossible à reconstituer.
Cette absence de l’image dans son entier m’a frappé par sa correspondance avec la présentation muséale, comme on peut le voir au Louvre, au département archéologie. D’une autre manière, il y a aussi dans ces fragments une partie absente, comme un membre fantôme ; une volonté de représenter une image incomplète, un ensemble absent.
J’ai utilisé CHOU CHINOIS, comme une métaphore de ces notions qui m’intéressent. Lorsqu’on coupe en deux un chou chinois dans de l’eau, le chou «cherchera» à se reconstituer et bien que cela soit impossible, cette tentative indique une volonté de retourner à sa forme précédente, en se rassemblant, comme les présentations d’artefacts au musée.»
Pieter van der Schaaf
________
En arrivant vers le 4 rue Moret, on aperçoit deux palettes sur les places de parking devant l’espace d’art. Des fragments de plâtre y sont stockés, en attente d’un chantier futur. D’autres à l’intérieur, fixés au mur ou enchâssés dans des plaques de placoplâtre, semblent dessiner les multiples plans d’un espace en mutation.
Pieter van der Schaaf a moulé intégralement le sol de Glassbox, dérivant un négatif en plâtre à partir du bitume qui constitue le revêtement de l’espace d’art. Dans l’empreinte, entre le modèle et son double, s’est insinué un réseau de lignes en creux, sorte de galeries animales dévorées dans le plâtre et dont la forme s’est dispersée suite au morcellement de la chape. Les fragments sont présentés au mur, à la manière de fossiles ou de pierres historiques, sertis dans des pattes de métal conçues sur mesure, tandis que des rails de placo encore à moitié nus, ainsi que l’ouverture d’un nouveau couloir et un châssis pour une cimaise en construction esquissent une configuration nouvelle de l’espace. L’exposition se tient suspendue entre différentes potentialités spatiales et scénographiques ; d’autres blocs, semblables à ceux en exposition, attendent leur tour.
À ces fragments de plâtre, entre objets d’art et matériaux de construction, répond la fragmentation du lieu d’exposition. De même que les éclats semblent en perpétuel ré-agencement, à la recherche d’une forme à la fois perdue et neuve, les différents espaces potentiels dessinés par l’émergence des cloisons superposent sur le même site les scénarios possibles pour la morphologie future du site d’exposition.
Clémence Agnez
________
DATE
LIENS
DOCUMENTATION
avec le soutien de la Fondation Mondrian – Mondriaan Fonds
vues d’exposition © Florie Berger